Les mécanismes de contacts en gestalt thérapie

Les mécanismes de régulation de contact servent à gérer le contact entre l’organisme (soi-même) et son environnement (individu, le monde) qu’il soit personnel, professionnel et sociaux.

Les deux sont interdépendants et constituent le champ organisme-environnement au cours d’un cycle, dénommé « cycle de l’expérience » ou « Cycle du contact ».

Cela permet de regarder comment l’individu s’ajuste de manière créative, ou non, aux situations qu’il rencontre.

Il y en a six principaux. Il est important de pas les voir comme des fonctionnements systématiquement négatifs. Parfois, ces mécanismes ont leur utilité, et parfois, ils ne sont pas, ou plus, adaptés aux situations qui se présentent. En avoir conscience, les connaître, se connaître, permet tout simplement d’y porter la bonne attention, d’y mettre du sens afin de recouvrer sa liberté de choix et d’être.

  • La confluence 

La frontière contact entre l’un et l’autre est mêlée.

« Je suis toi, tu es moi ».
La confluence est en fait une absence de frontière-contact entre vous et votre environnement, la symbiose, la fusion, une non-différenciation.

Aspect positif : la confluence permet d’être en empathie, de comprendre l’autre, d’aller vers l’autre. Elle facilite les rencontres, l’ouverture. Cela arrive souvent au début d’une relation amoureuse.

Aspect Négatif : l’autre, l’environnement peut perturber, voire envahir. On ne sait pas s’extraire de la relation, on ne sait pas dire « non » ou se protéger. Ce que veut l’autre, je le veux obligatoirement. on se perd dans l’autre. On n’est plus centré sur soi et sur ses besoins. On est facilement touché.

C’est quand le mécanisme se met en place tout seul, dans toutes les situations, quand on ne sait pas faire autrement, quand ça génère de l’inconfort, voire de la souffrance, qu’il convient de la regarder.

C’est utile au début de la thérapie pour entrer dans le monde de l’autre, pour mieux le comprendre. Mais, cela ne doit pas durer, il faut ensuite prendre du recul pour pouvoir aider et ne pas être tout le temps d’accord, et aussi pour garder le contact avec soi-même.

  • L’égotisme

L’externe ne touche pas l’interne.

L’égotisme est une sorte de barrière ultime entre soi et l’environnement, une protection renforcée, une façon de garder le contrôle : rien ne rentre et rien ne sort, la frontière-contact est étanche.

Aspect positif : Ça peut être ponctuel, c’est une façon de refuser d’être dans la confluence. C’est un fonctionnement très utile quand on veut travailler dans le brouhaha d’un open space ou d’un café par exemple ; ou quand on est en contact avec des personnes toxiques et envahissantes.

Aspect Négatif : On se coupe de ses émotions et peut entrainer des relations superficielles avec les autres ou à de la solitude. Cela met de la distance avec autrui et cela peut aller jusqu’à une rupture totale de contact. On ne prend rien, ou on n’écoute rien, cela ne nous touche pas.

  • La projection 

C’est croire que l’interne (soi) est dans l’externe (l’autre), je projette

La projection, c’est le fait d’attribuer à l’environnement, à autrui, ce qui nous appartient, que ce soit nos pensées, nos désirs ou nos sentiments (qu’ils soient positifs ou négatifs).

On communique quelque chose de soi vers l’autre.

Aspect négatif : Cela est non ajusté quand on attribue aux autres des pensées et des intentions qu’ils n’ont pas, et que ces mêmes pensées et intentions, inexistantes et imaginaires donc, viennent nous impacter, et parfois nous empêcher d’être ou d’agir.

Aspect positif : C’est une façon d’aller vers le monde de manière intéressante puisque cela nourrit la création artistique, l’imagination, l’empathie, la bienveillance, ou encore notre capacité à faire des hypothèses, des projets d’avenir, d’ouvrir des possibles.

  • L’introjection

C’est l’externe qui va dans l’interne.

L’introjection est l’absorption et l’assimilation du monde extérieur en soi. Il n’y a pas de discernement lorsque la frontière contact est trop perméable, et on fait rentrer le bon comme le mauvais.

  • Aspect positif : C’est un + dans l’apprentissage, car cela permet d’avoir une grande capacité pour apprendre. Nous fonctionnons beaucoup de cette façon, car c’est grâce à cela que nous grandissons, que nous apprenons, c’est le fondement de l’éducation. « J’apprends de toi » !
  • Aspect négatif : C’est un – dans le cas de phrases dites que l’on a introjectées sans remise en question, et qui créent des croyances.
  • Le problème intervient quand nous introjectons ce que nous propose l’environnement sans le mastiquer et que nous l’avalons tout rond. L’assimilation est donc désajustée, puisqu’il n’y a pas de discrimination (« je prends / je ne prends pas »). Nous faisons nôtres des idées qui ne nous appartiennent pas.
  • Nous pouvons parfois les repérer grâce aux « il faut que je », « je dois absolument être », « je n’ai pas le choix, c’est comme ça », etc. Ce sont aussi toutes les « étiquettes » qu’on nous a collées, et qu’on a laissé l’autre nous coller, qui disent : « je suis une femme qui est … », « de toute façon, je suis comme ça … », « je ne peux pas changer, j’ai toujours été … », etc.
  • La rétroflexion 

C’est garder en interne ce qui devrait aller en externe.

La rétroflexion consiste à retourner contre soi un mouvement naturel (dire, faire, se mettre en colère, aller vers) qui serait initialement destiné à l’environnement. « Je ne peux te dire ce que je pense, par peur de te blesser ou par crainte de ta réaction, ou parce que l’enjeu est trop important … je vais donc retourner ça contre moi et m’agresser moi-même ».

Aspect positif : Rétrofléchir peut être tout à fait ajusté : parfois, il est nécessaire de ne pas dire ses quatre vérités à son manager sous peine d’être licencié. C’est une adaptation sociale de base nécessaire. Cela peut être ponctuel.

Aspect négatif : on garde les choses pour soi. La parole n’est pas permise dans certaine famille, ce qui peut poser problème, c’est lorsqu’on retourne contre soi cette non-expression et qu’on la rumine nous empêchant ainsi, par exemple, de travailler correctement, d’être serein en famille le soir ou de dormir.

La rétroflexion systématique est le terreau de nombreuses somatisations. Puisque je retourne mon énergie contre moi au lieu de l’exprimer, je m’auto-agresse et mon corps me le fait savoir.

Tout ce qui ne s’exprime pas … s’imprime.

  • La déflexion 

C’est quelque chose de l’interne qui aurait besoin de sortir vers l’objet A mais on va le sortir vers l’objet B.

  • Ex : Je rentre du travail où je me suis tue et je déverse mon agressivité sur mon conjoint ou mes enfants.
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