Qu’est-ce que l’aliénation parentale ?

Introduction

L’aliénation parentale est un sujet tabou de nos jours. Pourtant elle a l’effet d’un boomerang ou d’une bombe à retardement. Dans la majorité des cas, les enfants donnent l’impression d’être bien dans leur peau et équilibrés. Les symptômes n’apparaissent que bien plus tard, à l’autonomie de l’enfant. Ces effets à long terme, décrits par plusieurs experts, engendrent de nombreux symptômes pathologiques dont le dénominateur commun tend vers la difficulté d’établir un lien social sain. Il est important de ne pas minimiser ce qui se passe même si les apparences sont souvent trompeuses, l’enfant est en danger et cela peut aller jusqu’au suicide.

Le concept d’aliénation parentale est maintenant largement documenté et publié par des experts de nombreux pays. Pour un parent ciblé, il est impératif de s’informer sur le sujet afin de reprendre son pouvoir d’action et agir pour le mieux-être de son enfant et de sa relation avec lui.

Définition

L’aliénation parentale se décrit comme un phénomène dans lequel un des parents se livre à des comportements aliénants, influençant l’esprit de l’enfant afin de favoriser chez lui le rejet injustifié et la désaffection à l’égard de l’autre parent.

Ils constatent que dans 80% des cas, il existe un élément de programmation parentale dont l’objet est d’implanter des idées fausses et négatives au sujet de l’autre parent qui peuvent commencer bien avant la séparation et s’intensifier quand le parent décide de partir parce que ce qui se passait était déjà toxique. L’enfant peut former une alliance forte avec un parent et refuser d’avoir une relation avec l’autre parent, même si auparavant, il avait une relation affectueuse forte et saine avec le parent dorénavant rejeté. Partout où ce phénomène est rapporté, on observe des modèles de comportement que l’on pourrait qualifier à première vue de bizarre et d’imprévus, difficiles à comprendre et très douloureux à vivre surtout quand ce parent rejeté s’est occupé principalement de cet enfant.

Il nous faut revenir aux différentes définitions de l’aliénation parentale pour comprendre la principale raison du rejet de ce concept. En effet, certaines définitions se veulent descriptives, sans allusion à la cause du désordre, à l’instar de Kelly, qui considère comme une aliénation parentale toute situation dans laquelle “un enfant exprime librement et de façon persistante des sentiments et des croyances déraisonnables (rage, haine, rejet, crainte) envers un parent, des sentiments ou croyance significativement disproportionnés par rapport à l’expérience réelle qu’a vécue l’enfant avec le parent rejeté.”

L’accent est donc mis sur la cause et l’auteur du désordre, implicitement inclus dans la définition : le parent auteur de ce qu’on appelle « lavage de cerveau », qui n’est rien d’autre qu’un conditionnement de l’enfant, est dit « parent aliénant ».

Origines du terme du Syndrome d’Aliénation parentale

Ce terme Syndrome d’Aliénation parentale a été introduit par le psychiatre américain Richard A. Garner en 1985.

Dans les années 1990, un professionnel de Norvège parle « quand les enfants développent une haine morbide envers les parents».

En 1996, en République tchèque, le psychologue Eduard BAKALAR et Daniel Novak parle de « contraindre un enfant contre l’autre parent ».

Les deux conditions suivantes doivent être présentes simultanément pour parler d’aliénation parentale dans une famille :

  1. Un des parents utilise des comportements aliénants afin d’exclure l’autre parent de la vie de l’enfant, et cela, de façon injustifiée.
  2. Le processus entraîne une détérioration de la relation entre l’enfant et le parent ciblé, voire une rupture de la relation.

Il est important de comprendre que l’enfant participe au phénomène d’aliénation parentale, bien malgré-lui. En effet, l’enfant peut croire que sa relation avec le parent ciblé est nuisible pour lui et observe des gains significatifs à être plutôt en alliance avec le parent aliénant.

Les degrés d’aliénation

Le degré d’aliénation de l’enfant se mesure en trois stades : léger, moyen et grave, en fonction de l’accentuation des rejets du parent ciblé.

Stade léger

Les visites chez le parent ciblé sont calmes et la campagne de dénigrement est rare ou discrète.

Stade moyen

La campagne de dénigrement s’intensifie au moment du changement de résidence parentale et les arguments sont de plus en plus nombreux et frivoles pour ne pas aller chez le parent ciblé. Mais l’enfant accepte d’être totalement coopératif une fois séparé du parent aliénant, et après une période de transition.

Stade grave

Les visites sont carrément impossibles chez le parent ciblé et l’enfant partage les fantasmes paranoïaques du parent aliénant. Si l’enfant reste chez le parent ciblé, il peut y être paralysé par des peurs, faire des fugues ou mettre en péril son séjour par des comportements destructeurs.

L’accent est donc mis sur la cause et l’auteur du désordre, implicitement inclus dans la définition : le parent auteur, de ce qu’on appelle « lavage de cerveau », qui n’est rien d’autre qu’un conditionnement de l’enfant, est dit « parent aliénant ».

« L’aliénation parentale ne menace pas que le parent rejeté : elle sape le fondement même de l’identité de la personnalité de l’enfant le privant en cas de rupture durable de « son droit élémentaire d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec les deux parents » et l’exposant à une véritable maltraitance dont les effets peuvent s’étendre sur des années. »

C’est lors de ces moments de rupture et de crise que peuvent se révéler des difficultés psychiques, aussi bien chez les enfants que chez les parents. Des maladies mentales ou des troubles de la personnalité peuvent apparaître ainsi au grand jour, pour qui sait les décrypter, sans oublier les violences invisibles conjugales, soient-elles physiques ou psychologiques dont les enfants, souvent témoins, sont toujours les victimes, qu’ils en soient les cibles, les spectateurs ou les auteurs. Ce conflit peut s’étendre aux deux familles ainsi qu’aux amis qui vont prendre parti et témoigner, avec des accusations croisées de délits et de mensonges.

Quand la séparation devient une guerre, l’enfant se retrouve explosé à un subtil chantage psychologique d’un parent, parfois des deux, qui s’opposera aux décisions judiciaires et abusera, consciemment ou inconsciemment, de son autorité parentale pour l’inciter à rompre tout lien affectif avec son autre parent.

Instrumentaliser malgré lui, l’enfant parfois n’a d’autres solutions que de se rallier corps et âme au parent préféré qui l’ « a choisi », jusqu’à devenir captif de son mode de pensée. Piégée dans une relation d’emprise l’enfant victime de ce phénomène peut tenir des propos d’une extrême dureté, voire proférer les accusations les plus graves ou les plus insensées.

Quelques indicateurs d’aliénation parentale par exemple (liste non exhaustive) :

  • Laisse entendre que l’autre parent est dangereux ou malade,
  • Déforme la situation en disant par exemple que l’autre parent ne veut pas recevoir son enfant,
  • Appelle et interfère de manière anodine pendant les contacts avec l’autre parent en utilisant d’autres personnes,
  • Demande à l’enfant de se référer à une autre personne que l’autre parent pour faire office de parent (les autres membres de la famille et l’autre conjoint),
  • Déforme le passé afin de minimiser la relation entre l’autre parent et l’enfant,
  • Fait sentir l’enfant coupable de sa relation avec l’autre parent,
  • Utilise l’enfant comme messager entre lui et l’autre parent,
  • Sème la confusion pour mettre à mal l’autre parent et lui faire commettre des erreurs,
  • Utilise l’enfant et d’autres personnes complices sans qu’elles s’en doutent pour lui infliger des souffrances psychologiques,
  • Culpabilise l’enfant en lui faisant croire que c’est lui qui refuse de voir l’autre parent.

Comment s’en sortir ?

Il est important de comprendre ce qui se passe et de s’informer sur le sujet pour comprendre les mécanismes afin de reprendre son pouvoir d’action et agir pour le mieux-être de son enfant et de sa relation avec lui, c’est-à-dire :

  • Prendre contact avec les associations spécialistes dans le domaine, les groupes d’aliénation parentale sur internet qui mettent en lumière les situations dramatiques que vivent les familles touchées par le syndrome AP où l’enfant est la première victime de tout cela,
  • Se référer aux témoignages d’enfants et de parents qui ont vécu ces situations,
  • Ne jamais baisser les bras mêmes si de nombreux parents sont complètement impuissants face à l’injustice de la situation, de la justice et face à la violence des agissements de leur enfant et du parent préféré qui peut être visible ou invisible,
  • Prendre du recul, ne pas se juger, ni juger son enfant, chacun fait ce qu’il peut,
  • Accepter le chemin que doit parcourir son enfant et être là pour lui à sa façon,
  • Témoigner à son tour pour aider les autres parents pour faire changer les mentalités des professionnels du droit et de la santé mentale sur l’AP,
  • Expliquer aux personnes qui sont autour de cette situation qu’elles peuvent être complices sans le vouloir et accentuer le syndrome en voulant « aider » le parent dit « préféré » et en ayant des préjugés pour le parent rejeté,
  • Faire une démarche auprès de la justice si besoin en prenant un avocat disponible et compétent dans le domaine (la perle rare) pour essayer de mettre en place un cadre sécurisant et propice pour faire évoluer la situation. Il est possible de faire une expertise psychologique ou contacter le juge des enfants pour mettre en lumière cette situation même si cela n’est pas reconnu et que le résultat peut-être imprévisible,
  • Prendre du recul sur les aberrations, la façon de fonctionner des avocats et les décisions du système judiciaire,
  • Sortir du silence et des non-dits pour arrêter cette situation inacceptable et pour informer de ce qui se passe,
  • Se faire aider par un thérapeute spécialiste en relations toxiques car la finesse de ce qui se passe dépasse souvent l’entendement,
  • Sortir des blessures d’injustice, de trahison, de rejet, d’abandon et d’humiliation pour sortir du rôle de victime et avoir toute sa puissance du cœur pour se faire entendre,
  • Pour ma part, les Constellations Familiales et Systémiques sont une approche thérapeutique qui mettent du sens à ce qui se passe. Cela permet d’aller vers la paix, vers sa créativité et de sortir de la souffrance. Prendre du recul est essentiel pour avancer pour prendre des décisions quelquefois difficiles. Cela permet d’être puissant pour accompagner son enfant « à distance » pour être là, quoi qu’il se passe et pour garder espoir.

Evelyne Lluch

Gestalt thérapeute

Thérapeute et formatrice en Constellations Systémiques

Hypnothérapeute

Site :

L’article a été réalisé à partir des livres et des associations suivants :

Docteur Roland Broca – Olga Odinetz « Séparations conflictuelles et aliénation parentale – Enfants en danger » – Edition Chronique sociale

Bruno Humbeeck « Comment préserver ses enfants lors d’une séparation ? » Edition Mango

Jean-Charles BOUCHOUX « Les violences invisibles » -Edition Le courrier du livre

Les associations :

En France :

Olga ODINETZ créé l’Association contre l’aliénation parentale (ACALPA), qui vise non seulement à informer et soutenir les parents, mais aussi à informer des officiers de la gendarmerie, des professionnels du droit et de la santé mentale sur l’AP.

Au Canada :

Le site québécois « Carrefour aliénation parentale »

Les reportages :

Le 26 mars 2009, Planète Justice diffuse le documentaire, « C’est aussi mon enfant, Nathalie Kaas, consacré à l’aliénation parentale. Ce film s’appuie sur plusieurs témoignages d’enfants devenus adultes et de parents qui ont eu à souffrir de cette séparation radicale ainsi que sur les explications du psychiatre Paul Bensussan.

Le 7 décembre 2010, la chaîne de télévision France 5 diffuse un documentaire de 52 minutes sur un couple déchiré avec un enfant pris en otage tourné par Olivier Pignetti : ils se mettent à hurler quand leur père leur rend visite, déversent des flots d’injures sur la mère qu’ils ne veulent plus voir, frappent parfois l’un ou l’autre sans raison. Ces enfants déchirés par le divorce sont victimes d’un syndrome peu connu : l’aliénation parentale. Il s’agit de la manipulation d’un enfant par son père ou sa mère afin de transformer l’autre parent en un être néfaste et détesté ; une forme de soumission inconsciente, similaire à ce que l’on retrouve dans les sectes ; l’enfant devient alors un outil de guerre pour détruire un ex-conjoint…Le documentaire s’appuie sur les explications du phénomène l’aliénation par le psychiatre Paul Bensussan. 

Share This